Vous savez quoi? Approchez l’oeil, je vais écrire tout petit parce qu’il faut pas que ça se sache, chuttt, pas un mot hein!
Or donc, dimanche matin, trois équipages d’Occitarame-Sète se sont donnés rendez-vous au ponton de la civette dès potron-minet à cause que c’était interdit de passer sous le nouveau pont du Tivoli et que pour rejoindre Roger au point de départ de son défi (la traversée de l’étang entre la pointe de la Plagette et les thermes de Balaruc) un remorquage par le canal de la La Peyrade avait été organisé. Longer le quai des Moulins, passer dans la buse pour sortir dans le canal de Sète au Rhône puis gagner l’étang à la hauteur de Lafarge, ça laisse imaginer la galère. Mais quand on arrive à la hauteur du remorqueur, il dit que des bateaux passent sous le pont. Qu’est-ce qu’on fait? On tente le coup pardi. Et sur la pointe de rame on s’avance, on s’avance, on longe la barge géante, on longe. Quoi? Rien, rien de rien. Les types qui travaillent dessus n’ont pas l’air stressé de nous voir là. Et on passe tranquille. Bon c’est dit, on est passé sous le pont, je poursuis en gros.
Nous voilà donc à la pointe de la Plagette. Il est tout juste 9 heures. Roger n’est pas encore là. Plutôt que de rester à se faire secouer par le clapot, on décide de s’amarrer à un ponton flottant auquel on accède depuis la Station méditerranéenne de l’environnement littoral (c’est le nom actuel de ce que les Sétois appellent la Station Zoologique) par un portail. On boit le café. Y’a des croissants et des brioches.
Au bout d’un moment une douzaine de personnes sortent de la station et passent sur le ponton. Manifestement des étudiants avec leurs profs. Pas bonjour, regards en coin. Ils trafiquent avec des trucs qu’ils prélèvent sous des petites tentes blanches. Arrive Roger suivi de sa fille. Il nous dit ce qu’il attend de nous: une barque lui donne le cap, les deux autres en flanc garde…
Quand la fille de Roger s’éloigne, elle se fait sermonner par un type. Roger tout sourire s’éclipse à son tour. Quelques minutes passent. Une rameuse se fait apostropher méchamment par un gus. Elle fume, c’est pas bon pour les poissons. Ah bon? Non d’ailleurs vous n’avez rien à fiche là, c’est privé, dégagez, et en plus il y a du courant tri-phasé… On fait remarquer que rien n’indique que l’appontement est interdit et que rien n’indique qu’il y a du courant haute tension. Et on s’éloigne en laissant les très aimables zoologistes continuer à bricoler à côté de leur très dangereux transformateur.
Roger lui a eu le temps de se préparer. Il est en combinaison. La camerawoman de France 3 est arrivée. Il y a un plongeur d’assistance sur un zodiac. La famille sur un autre zodiac et un troisième bateau à moteur. Tout le monde est prêt. C’est presque 10 heures. Roger entre dans l’eau en marche arrière, comme il se doit quand on a des palmes aux pieds.
C’est parti.
Enfin c’est parti mais c’est un peu laborieux au départ. Manifestement Roger ne voit pas les barques et le vent de travers fait dériver tout le monde. Roger doit trouver son rythme et nous le notre. Sur ma barque, je fait ramer banc après banc, pour ne pas prendre trop d’avance. Au bout d’un quart d’heure, on est en bonne formation. On avance. On avance bien. Roger demande toutefois de changer de ceinture de plomb. Et c’est reparti. Allez Roger, allez Roger… On l’encourage, il ne mollit pas ou presque pas même si le clapot l’empêche de voir correctement.
Les thermes se rapprochent. On va y être. On y est. Il faut lever les safrans pour approcher de la plage, retrousser les pantalon pour aller sur le rivage. Roger s’est redressé. Il a les bras en l’air du vainqueur. Il sort de l’eau, une bonne heure après y être entré, entre une haie de palmes. Il a réussi son défi. On l’entoure, on le félicite, on le questionne. Photos, apéro, trophée… Sacré Roger, même pas l’air fatigué. La suite au journal de France 3 à 19 heures, et dans l’édition du 3 juin de « Midi Libre ».
Faut-il préciser qu’avant de se caler dans le canapé pour se voir dans l’étrange lucarne, on a fait une halte pique-nique à Roquérol et qu’à l’arrivée au ponton (après être repassé sous le pont), il y avait des roteuses? On est dans un club de rame traditionnelle non?
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